Les Trois Singes – De Nuri Bilge Ceylan

Les Trois Singes
Titre original : Uç Maymun

Un film de Nuri Bilge Ceylan
Avec Yavuz Bingöl, Hatice Aslan, Ahmet Rifat Sungar, Ercan Kesal

Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2008.

Résumé

Une famille disloquée à force de petits secrets devenus de gros mensonges, tente désespérément de rester unie en refusant d’affronter la Vérité. Pour ne pas avoir à endurer des épreuves et des responsabilités trop lourdes, elle choisit de nier cette Vérité, en refusant de la voir, de l’entendre ou d’en parler, comme dans la fable des “trois singes”. Mais jouer aux trois singes suffit-il à effacer toute Vérité ?

Plus précisément :
Un politicien local provoque un grave accident et demande à son chauffeur de se charger de la faute pour sauver sa carrière politique. Cédant à l’argent qui permettra apparemment d’assurer l’avenir universitaire de son fils, le chauffeur accepte le pacte et déclenche ainsi au sein de sa famille une réaction en chaine lourde de conséquences.( Source Arte.Fr)

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Des méandres sombres de la route propices à l’accident, du petit port qui en ombre chinoise se dévoile, là où sur un banc deux hommes scellent un drôle de pacte ! Loin, bien loin d’en imaginer et nous aussi toutes les conséquences. de l’ombre à la lumière, , surexposée ou carrément absente, résultat parfois d’une incroyable couleur sépia, notamment quand la caméra s’attarde en gros plan sur un visage . Les lieux, cet appartement aux larges baies vitrées inondées de clarté, luminosité excessive, presque aveuglante, en bas le va et vient de quelques trains, plus loin les eaux sombres, couleur encore ou absence de celle-ci, du Bosphore !
J’ai songé à Simenon, pour l’étrangeté des lieux, cet immeuble en » tranche de cake » aux larges ouvertures donnant sur la voie ferrée, les eaux du port mais aussi et surtout pour l’art du réalisateur, plantant là ces personnages et les observant se débrouiller, s’accommoder plus ou moins mal avec la vie, avec l’espoir et son contraire le désespoir. De Simenon je suis naturellement passé à Béla Tarr, encore un réalisateur que je ne connaissais pas et qui m’avait littéralement estomaqué avec ” L’homme de Londres “, comme ici Nuri Bilge Ceylan ! Oui je suis jusqu’à présent passé à coté de cet auteur, je dois l’avouer mes connaissances cinématographiques sont bourrées de lacunes !
« Les trois singes » sont servis par une photo éblouissante, la topologie des lieux ou plutôt du lieu, principalement l’appartement et sa terrasse, le ciel lourd se déroulant vers le Bosphore, menaçant, électrique, reflétant la tension des hommes il finira par craquer. Peu de mots ici, le strict nécessaire, la dramaturgie nait de l’image : Immense !
Excessif.Com “..Nuri Bilge Ceylan filme les tourments de ses personnages avec un oeil contemplatif pour révéler des états de tristesse, d’angoisse ou de désir qui sont aussi les siens. La plupart du temps, il se passe de commentaire (les mots ne servent à rien, surtout pas à communiquer)…”
CritiKat.Com “..Le prix de la mise en scène gagné à Cannes pour Les Trois Singes est absolument mérité : chaque plan, chaque lieu filmé, chaque dialogue de ce film fait sens et sert son sujet avec brio…”
Le Monde.Fr “Les Trois Singes” : un film noir sur les ténèbres de l’âme