White Material – De Claire Denis

White Material
Réalisation De
Claire Denis
Scénario:
Claire Denis & Marie Ndiaye

Avec Isabelle Huppert (Maria Vial), Isaach de Bankolé (le boxeur), Christophe Lambert (André Vial), Nicolas Duvauchelle (Manuel Vial), William Nadylam (le maire), Adèle Ado (Lucie Vial), Ali Bacha Barkai (Jeep), Daniel Tchangang (José), Michel Subor (Henri Vial)…

Synopsis

Quelque part en Afrique, dans une région en proie à la guerre civile, Maria refuse d’abandonner sa plantation de café avant la fin de la récolte, malgré la menace qui pèse sur elle et les siens.

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White Material
Là quelque part en Afrique, Là où une certaine effervescence se fait sentir, invisible, juste comme un souffle inhabituel, là où tout ne devrait être que « Calme, luxe et volupté » pour citer le poète. Là où une femme blanche s’agite, une à deux semaines pour récolter son café et les bras manquent. La peur s’est installée, le personnel habituel déserte préférant se mettre à l’abri dans des contrées plus hospitalières : par camions, cars ou motocyclettes c’est l’exode la plantation se vide. Et Maria qui se refuse à quitter les lieux, son prétexte le café. Même exhortée par l’armée qui lui offre une dernière occasion de fuir, elle s’entête, ne veut quitter ce coin de terre où les arbres le dispute aux pistes de latérite.
Alors que Maria embauche une poignée d’hommes parmi ceux qui trop pauvres ne peuvent fuir, le danger se précise, le chaos s’annonce. D’un coté l’armée à la poursuite des rebelles, de l’autre ces derniers, ados ou enfants, armés, inconscients.Ailleurs une radio pirate vante l’insurrection annonce entre deux messages la fin du « White Material » et chante les mérites du chef des rebelles, « le boxeur » (Isaach de Bankolé), que l’on croyait mort…mais le monde est petit…
Le film s’ouvre sur des ruines fumantes, sur un bus qui parcourt la piste, à son bord Maria (Isabelle Huppert) et la caméra remonte les jours celui où insouciante Maria filait sur la piste au guidon de sa moto, celui où son beau-père Henri Vial (Michel Subor) l’assurait qu’elle était ici chez elle, ce matin où enfin elle devait sortir presque de force son fils du lit Manuel Vial (Nicolas Duvauchelle), ce jour encore où son ex-mari André Vial (Christophe Lambert) insiste pour qu’elle abandonne la propriété pour se mettre à l’abri, ce jour encore où Maria surprend un étrange et discret invité dans sa remise..
Claire Denis suit ses acteurs et plus particulièrement son actrice, le long de ce script précis, passant de la plantation au chemin menant à la forêt, d ’Isabelle Huppert aux membres de sa famille qui tous finissent par lui échapper, d’une manière ou une autre. Seule dans son entêtement, aveugle car refusant l’idée que tout s’écroule !
La réalisatrice livre de bien belles images, magnifiquement cadrées, cette colonne d’enfants qui serpente dans les bois, eux que l’on retrouve avachis et défoncés dans un champ ivres de barbituriques et ce final, terrible.
Voilà j’avoue qu’il m’aura fallu deux séances pour appréhender toutes les scènes, tous les plans, les détails de ce film. Je ne savais plus très bien si j’avais rêvé les sinistres détails de fin, pour cela au moins je me devais de le revoir, j’y pris trois jours après autant, voir plus de plaisir savourant alors chaque détail .Quand en plus la bande son émane des Tindersticks..et oui ENCORE* ..ce n’est que pour le meilleur !
* clin d’oeil moqueur mais amical envers qui s’y reconnaitra !

Chez Lo“…Une femme puissante donc, mais dans un environnement qui l’est tout autant qu’elle et qui nous envoûte…”
Excessif.Com “…On sort de là éberlué, sans prendre conscience qu’on vient de voir un grand film…”
CritiKat.Com “…Claire Denis nous plonge ici dans une Afrique abstraite et cauchemardesque ; White Material est une œuvre rude et remuante, d’une densité cinématographique peu commune…”
Le Monde.Fr – “White Material” : Claire Denis filme l’éviction du corps blanc par le continent