L’AUTRE – De Patrick Mario Bernard & Pierre Trividicre

L’AUTRE

Un film français de Patrick Mario Bernard & Pierre Trividicre
avec Dominique Blanc, Cyril Gueï, Peter Bonke, Christèle Tual, Anne Benoit …

Adapté du livre ‘L’ Occupation’ d’Annie Ernaux.

Prix d’interprétation féminine au Festival de Venise 2008. Coupe Volpi

Aperçu :
Anne-Marie, quarante sept-ans, se sépare d’Alex, un homme bien plus jeune qu’elle. Il veut une vraie vie conjugale mais elle veut garder sa liberté. Ils se séparent sans heurts et continuent à se voir. Pourtant, lorsqu’elle apprend qu’Alex a une nouvelle femme dans sa vie, Anne-Marie devient folle de jalousie. Et bascule dans un monde inquiétant, fourmillant de signes et de menaces.

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Longs rubans, blanc et rouge, vus du ciel et de nuit les circonvolutions des feux avant ou arrière forment des trajets évoquant ceux d’une fourmilière. Flux montant et descendant de milliers de « leds » lumineux, on zoome et à mesure que l’on distingue les véhicules et leur environnement s’installe l’aire, voire ère, périurbaine et ces individus.
Ce prélude laisse présager des conséquences de l’environnement sur l’être humain, ici Anne-Marie(Dominique Blanc) et bien d’avantage.
Revendiquant une indépendance et le célibat qui l’accompagne, cette dernière va affronter les affres de la jalousie, s’en défendant théoriquement, la subissant au plus profond d’elle-même. je ne suis plus le centre de ton monde semble-t- elle reprocher à son ancien compagnon alors qu’elle a volontairement mis une barrière à leur intimité.
Moi me remplacer, et par qui, comment, qui est » l’autre » questionne elle ? Commence alors une crise identitaire, cherchant à cerner la personnalité de celle qui occupe à présent les pensées de son ex ? Qui est-elle, que fait-elle, qu’a elle de plus que moi, en quoi suis-je ou est-elle différente ?
Anne-Marie finit par douter, par se perdre, jalousie ou plutôt amour propre écorné la rende chancelante. Le rythme, la solitude urbaine, le vide, et partout jusqu’ au plus prés d’elle ces mécaniques domotiques semblent l’observer et se moquer, conçues pour faciliter la vie ,elles aussi commencent à se dérégler, tout lui échappe, un abime s’ouvre sous ses pieds.
Tout ceci est interprété par Dominique Blanc, souveraine, d’abord solide puis glissant dans la fragilité la plus convaincante. Une mise en scène millimétrée s’appuyant sur des lieux magnifiés par une photographie et un éclairage remarquable qui tend bien souvent vers le noir, sombre comme il en est de cette histoire.
Patrick Mario-Bernard & Pierre Trividic captent le vide, l’inhumanité de la cité, usent de moyens ingénieux. Le miroir recouvert d’un journal dans lequel s’ouvre une fenêtre est simplement fantastique !
Au final un film très sombre, sur un être humain qui vacille perdu dans l’immensité. Solitude, amour propre en péril, dépression autant de dangers qui peuvent nous guetter..Vous vous croyez forts.. ?
Encore bravo à Dominique Blanc flamme vacillante qui peu à peu s’enferme dans une schizophrénie terrible dans la lueur grise ou bleutée des grands ensembles ultramodernes.

Excessif.Com “…Coincée dans un tunnel, Dominique Blanc, à la lisière de la démence, est prodigieuse de bout en bout, confère au film une incandescence anxieuse..”

Le Monde.Fr “L’Autre” : un cas contemporain de jalousie en banlieue

“..Recourant au nappage musical et à la fragmentation visuelle, utilisant les ressources d’une modernité architecturale qui témoigne de la solitude des individus dans le monde (circulation nocturne, prolifération des vitres et des écrans, performance de la technologie sécuritaire : autant de circuits fermés du trafic relationnel). L’Autre est avant toute chose un film d’atmosphère..”